*Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE]
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Sophie B. ConradMessages : 278 Date d'inscription : 16/01/2011 Localisation : Port Hudson Emploi/loisirs : Propriétaire & gérante du Lucky Leon's
Sujet: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Mer 18 Mai - 1:09
Quarante huit, soit le nombre d’heures pendant lesquels Hanna m’avait interdit de remettre les pieds au club, sous prétexte que je bosse trop, tout le temps, sans arrêt et que je ne vis plus pour moi.
Quarante huit, soit le nombre de « bonjour, comment vas tu ? » échanger en quatre cours de danse donnés à l’institut avant d’être là aussi, remerciée !
Quarante huit, soit le nombre de miettes de pain que j’ai eu le temps de compter sur le canapé, lieu favori de Lindsay.
Quarante huit, soit le nombre de machines que j’ai fait tourné en deux jours, multiplié par…quarante huit…
Quarante huit, soit le nombre de pas qui séparent ma chambre de celle d’Hanna, si on s’amuse à faire vingt quatre allés retours.
Tentez de répéter ce mot là un maximum de fois dans votre tête et vous aussi, vous finirez par vous dire « Quarante huit », ca existe comme mot ? Où je le déforme ? Je suis plus certaine…
Cela faisait quasiment deux jours que je n’avais pas ouvert un livre de compte, que je n’avais pas eu un agent au téléphone, pas réserver quoi que ce soit comme alcool. Depuis que j’avais repris le bar, je n’avais du poser que deux ou trois jours de congés maximum. Pour être honnête, j’aimais faire un tas de trucs en dehors du bar et de l’association, je ne savais juste plus comment faire pour apprécier mon temps libre. J’avais délaissé la guitare, abandonné la photo, renié la peinture, j’étais bonne qu’à compter les recettes d’une soirée et préparer des cocktails en flirtant avec mon barman… triste vie non ?
Du coup j’étais allée me promener, les mains dans les poches, arpentant les coins de la ville que j’aimais et que j’avais oublié, me rappelant des souvenirs de notre enfance. J’étais passée dans notre ancien quartier, celui ou nous avions vécu l’enfer. Je m’étais arrêté en bas de l’immeuble et instinctivement j’avais levé les yeux vers notre fenêtre de chambre. Je m’étais demandé ce que faisait le géniteur, s’il avait changé, s’il était même toujours en vie… huit ans sans nouvelle et pourtant, le dégout toujours intacte. Pour le faire chier, je suis même allée changer les fleurs sur la tombe de la mère, elles étaient récentes, comme changées la veille. Je déplaças le bouquet déjà présent sur une autre tombe et le remplaçât par le mien. Je m’étais agenouillée devant la pierre et j’avais attendue quelques minutes, sans rien dire, sans savoir pourquoi j’étais là. Je n’étais venue qu’une fois au par avant et les choses avaient mal tournée. J’en avais pas non plus besoin, je ne connaissais pas ma mère, alors elle ne me manquait pas. Dans ce cimetière, je pensais surtout à Romain. Du coup, j’ai récupéré le bouquet que j’avais déplacé et j’ai erré jusqu’à la fosse commune, des tas d’inconnus y étaient enterré. J’y déposais les fleurs. Eux aussi méritaient un peu de couleur… et qui sait ? Peut être que mon homme était parmi eux…
Voyez ce que ça me fait de ne pas travailler ? Je déraille, je pense à ce qui fait mal, je me pose un tas de questions, je pense aux disparus, à ceux trop présent… je pense pas à moi, jamais… à quoi bon…
Je pensais aux jumeaux parfois. Je n’en avais jamais reparlé depuis ce jour ou j’avas dit à Hanna que j’aurai aimé les voir, au moins une fois. Plus aucune parole n’avait été prononcée à leurs sujets, mais ca ne m’empêchaient pas d’y penser souvent. Dans ma main gauche, un second bouquet de lys blanc que je tenais depuis presque une heure... La pierre était restée blanche malgré les mois qui avaient passés. La pureté de la pierre me rendait malade. Je venais de temps en temps ici, je n’en ai rien dit à Hanna, on ne parle pas de ça de toute façon. L’impression que j’étais la seule à changer régulièrement les fleurs. Je laissa glisser mon doigt sur le nom « Noah Lawrence » et raconta les dernières nouvelles sur sa mère à mon neveu…
J’erra ainsi presqu’une journée entière. La grande aiguille de l’horloge de la cuisine frôlait le 9 quand je suis rentrée. Hanna travaillait ce soir là, Lindsay aussi, j’avais l’appartement pour moi toute seule et c’était bien trop calme. Je tenta de sonner chez Logan, mais il était aux abonnés absents aussi alors je me retrouvais seule face à moi même dans notre petit appartement, un soir de semaine… ouch !
Je me suis décidée à ranger un peu le salon, des livres et des magasines trainaient partout - beaucoup servaient à Lindsay comme dessous de verre ou table de nuit - Je frôlais les couvertures des ouvrages, les feuilletaient en lisant une ou deux lignes et finalement les rangeaient dans la bibliothèque. Et puis, il y avait ce cahier, négligemment posé sur le deuxième étage du meuble. Curiosité piquée au vif, j’ouvris l’ouvrage et reconnut l’écriture d’Hanna au premier regard. L’écriture semblait venir d’elle même, un brin mal assurée, j’avais lu les deux premières phrases et malgré mon impression de m‘introduire là ou je ne devais pas, j’étais happée par le récit. Je tournais les pages, une ou l’encre avait légèrement coulé m’interpella plus que les autres, et mon regard fut attiré immédiatement par des mots qui faisaient un mal de chien. Je m’étais assise sur la table basse, inconfortable et je lisais, mal à l’aise les pensées de ma jumelle…
« Je viens de tomber sur une citation d’Albert Einstein qui dit « Nous aurons le destin que nous aurons mérité. » C’est assez déprimant en y repensant. J’aurais mérité, depuis ma plus tendre enfance, de souffrir tout au long de ma vie. Je devais subir ce destin des plus médiocres. Si j’ai déjà pensé à en finir. Oui, plusieurs fois même. »
Les mots s’envolent sur le papier, la gorge serrée par les pensées qui l’encombrent, je continue de lire sa vie…
« L’enchainement d’évènements que je vis depuis plus de vingt-six ans me prend aux tripes. Je fais souvent ce rêve étrange, ou je joue avec mon fils, le faisant tournoyer dans l’air du vent, Donovan nous regardant tout en souriant. Les éclats de rires cristallins de Noah qui me raisonnent dans la tête. Et je souris, je suis heureuse, le cœur léger. Je me vois regarder un couché de soleil, la tête sur l’épaule de l’amour de ma vie…Instant romantique rapidement effacé par Noah qui vient nous taquiner. Je les vois tous deux s’amusant dans le jardin, je souris à ce simple moment de vie. Je n’en demande pas des tonnes…Juste d’avoir le cœur léger, d’avoir cette part d’innocence qui ne part pas, et que mes démons m’abandonnent une bonne fois pour toutes.»
Les prénoms des deux hommes de sa vie sont balayés par des larmes, passé noyé par le chagrin. Tout fout le camp. Et je continue de lire, bousillée par la suite, je sers davantage le cahier entre mes mains, pleine de colère, de chagrins, de rage. Une douleur qui vous prend aux tripes et qui donne la gerbe. Une sensation que j’avais connu trop de fois….
« Cette part d’innocence est partie totalement quand je devais avoir 12 ans voir 13..sentir ses mains sur mon corps...Elles descendent jusqu’à atteindre mon bas ventre.. Son doigt sur sa bouche, il me dit « chuut », je ne comprends pas ce qu’il se passe...D’habitude il est toujours bruyant, mais là c’est différent. Mon cœur s’accélère, je n’ose plus bouger. Il m’allonge sur le lit et je sens sa bouche contre la mienne...Ses mains remontent jusqu’à ma poitrine naissante…le souffle coupé par son poids, je ne sens presque plus mes jambes. Je priais le seigneur pour que mes sœurs arrivent. Je pouvais crier mais je restais sans voix ! Je ferme les yeux en essayant de faire abstraction de la situation, je sens mes vêtements se relever, ses mains, râpeuse et sales parcourent mon corps…Comment mon propre père peut-il me faire ça ?”
Mes larmes se mêlent à celles déjà écrasées sur le papier froissé. Elle ne m’en avait jamais parlé, elle avait jamais rien dit à propos de…ça… elle avait changé, du jour au lendemain, et comme une connasse d’aveugle, j’avais rien vu. Je l’avais laissée, brisée par un homme ignoble, j’avais pas été là quand il fallait. Je l’avais laissé faire, lui. J’aurai du le tuer, comme je lui avais dit.. Une envie seulement, le voir crever, la gueule ouverte sur le bitume… Comment on peut devenir quelqu’un d’aussi ignoble ? Comment on peut penser faire ça à une gamine de douze ans… et maintenant que je le sais, je peux même dire quel jour c’était… et j’ai rien vu…
« Alors Monsieur Einstein..Si on m’a donné la vie pour que je vive ce genre d’horreur. Autant me l’enlever aussitôt non ?”
Salope de destinée qui vous détruit les plus belles personnes. Salope de vie qui vous fait croire que demain sera plus beau pour vous écraser un peu mieux à chaque fois…
Si seulement j’avais su…
Quarante huit, soit le nombre de taches sur le plafond au dessus du lit du père…
Quarante huit!
Dernière édition par Sophie B. Conrad le Ven 3 Juin - 11:50, édité 2 fois
Hanna E.Conrad
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Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Mer 1 Juin - 0:21
Quel bonheur deux jours au Lucky Leon’s sans Sophie. Je vous jure, on respire tous ! Les sourires se sont au rendez-vous, l’ambiance est bonne, tout le monde est heureux ! Enfaite non, on s’emmerde un peu, ça fait vide sans la grande patronne. Je l’ai forcé à prendre deux jours de repos car elle n’était que l’ombre d’elle-même. Mais je dois avouer que sans elle, j’aurais du mal à faire tourner le tout. Elle est phénoménale. Entre gérer le bar, les concerts, les clients, les différentes demandes, les soirées spéciales, puis les mêmes détails mais pour le restaurant..C’est éreintant, je vous jure. Vivement qu’elle revienne ma petite brindille !
Mais faut pas croire non plus qu’on dépérit sans elle. On vit normal, on avance et on se lance des vannes. Comme d’hab. Entre les frasques de Lindsay, les sous-entendus coquins d’Alex, et Tim qu’on inclut partout et tout le temps sous prétexte que c’est un beau mec, on rigole beaucoup. Pendant ces deux jours sans Sophie, j’avais même décidé de ne pas l’appeler, histoire de la laisser décompresser tranquille. Mais aussi car elle chercherait n’importe quelle raison pour venir nous voir. Laissons là à ses occupations diverses et variées. Elle avait interdiction de mettre les pieds au Lucky, sinon on faisait tous vœu de silence. Et vu qu’elle n’aime pas le silence..C’était vite vu !
Les heures se suivent et ne se ressemblent pas. De délires en délires, on tarde tous à rentrer chez nous. Le Lucky était devenu au fil des semaines, une sorte de famille ou on aime être. Des fois, même quand je ne bossais pas, je venais prendre du bon temps à leurs côtés. Chaque jour était différent et à chaque fois, on trouvait une connerie à faire ou à dire. Une colonie de vacance au quotidien. Et comme souvent, on avait aussi nos moments de disputes, mais on passait outre et on repartait. On n’était pas rancuniers entre nous. On s’adorait trop pour se bouffer le foie trop longtemps.
Ce soir là, on avait eu l’équipe de baseball du coin, qui faisait une halte au Lucky pour se rassasier avant de reprendre la route pour Michigan..Un truc du genre, j’avoue que je n’ai pas retenu le nom, vu le nombre de beaux mecs qu’il y avait. Lindsay et Alex avaient les yeux qui brillaient, et ne se faisaient pas prier pour aller les servir. Tim, désespéré mais amusé derrière son bar, se marrait en voyant les filles en émoi devant des muscles sur pattes. Et moi, je me marrais longuement, surtout avec un certain Cameron, un beau jeune homme brun aux yeux bleus, un corps magnifiquement sculpté et un sourire à en faire pâlir plus d’un. Un beau mec quoi, comme j’en vois rarement, voir trop rarement, en ce moment. A ses côtés, je souriais, le temps s’arrêtait, et j’oubliais l’espace d’un instant ma vie de merde, mes problèmes de cœur, Noah, mon père. Je n’avais pas de chance avec les hommes, que ce soit en copain, fils ou père. Tout me menait au désastre à leurs côté. Je devrais peut-être virer de bord et aller voir si la pelouse d’à coté est meilleure, ou carrément rentrer dans les ordres, histoire de n’avoir que pour Amour, Dieu et ses périples. Pas mal non ? Autant m’accrocher à de l’irréel, étant donné que je perds le réel !
Il était temps de rentrer. Après qu’ils aient tous reprit le chemin du bus, et leurs destination finale, je finis de ranger les derniers verres, pendant que Tim arrange la salle. J’avais les yeux qui brillés. J’avais à nouveau seize ans. Et le pire dans tout ça ? Je n’avais pas son numéro au beau Cameron. Fermant le verrou du Lucky, je dis au revoir à Tim et partis en direction de mon appart, pour raconter le tout à Sophie. Je montais les marches deux par deux, un air béat sur le visage. Un bail que ça ne m’était pas arrivé de me trouver si légère. J'ouvris la porte en déblatérant mon émoi..
HANNA - Faut que j’te raconte, tu vas halluciner..- Je me stoppais nette au milieu du salon, mon visage souriant prit une toute autre tournure pour laisser place à la colère – Qu’est tu fais ? – J’avançais vers elle en lui arrachant le cahier des mains et lisant en vitesse les quelques lignes sur la page ou elle s’était arrêtée. – T’aurais jamais dû lire ça, jamais.. – Je faisais les cent pas dans le salon. – Tu peux pas t’immiscer dans ma vie comme ça et lire ce que j’écris. Ça devait rester sur papier, jamais t’aurait du tomber dessus Sophie, jamais !
J’étais vraiment énervée. Je voulais que cette partie de ma vie restent secrète car en parler ne fait que plus mal. Enfouie au fond de moi, personne ne pouvait m’en parler, et j’oubliais. De temps en temps, j’y repensais, et quand je voulais en parler, je prenais ce cahier et y étalais mes maux avec des mots. Je voulais garder ça secret. Secret, car je me sentais coupable et non victime, un sentiment anormale alors que je n’ai rien fait de mal !
A ce moment précis, je ne savais pas si je la détestais plus elle, mon connard de père ou moi, ou tout simplement ma putain de vie. On est toujours rattrapé par sa vie, et encore plus quand on essaye d’y échapper..bye bye Cameron !
Dernière édition par Hanna E.Conrad le Mer 1 Juin - 12:01, édité 2 fois
Sophie B. ConradMessages : 278 Date d'inscription : 16/01/2011 Localisation : Port Hudson Emploi/loisirs : Propriétaire & gérante du Lucky Leon's
Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Mer 1 Juin - 1:37
Je me souviens un matin de décembre, on devait avoir six ans, j’avais emmené chez Lexie la poupée préférée d’Hanna, une qui appartenait à Holly. Lorsque j’étais rentrée, la poupée avait perdu un œil et ses cheveux avaient été coupés. J’avais beau expliquer à ma sœur que les frères de Lexie étaient de vrais brises fer, rien à faire, elle m’a jeté un regard plein de haine et je me suis promis de ne jamais provoquer ça chez elle de nouveau…
Jusqu’à aujourd’hui. Elle avait le regard en feu, sa voix me faisait mal au cœur, et sa haine ? Je ne savais pas qu’il était possible de transmettre autant de haine par un simple geste, une simple parole, un simple regard…et je n’imaginais pas qu’elle pouvait contenir autant de ce poison en elle. Si ce que j’avais lu sur ce cahier maudit venait de briser une partie de moi, la façon dont elle se tenait devant moi finit de m’achever. Les larmes brulaient mes yeux… dix ans que je n’avais pas laissé glisser une larme, dix ans et aujourd’hui tout ça n’avait aucune importance. Rien importait. Je l’entendais, sans l’entendre, pas besoin, je savais ce qu’elle me disait, et elle avait tous les droits de me hurler dessus. Elle avait tous les droits de me détester. Elle avait tous les droits si elle refusait de me pardonner… J’avais été incapable de protéger ma sœur. J’y ai cru, longtemps, qu’il ne l’avait jamais touché, j’y ai cru de toutes mes forces. Apaisant ainsi les souvenirs douloureux. J’ai cru l’avoir protéger mais encore une fois, tout à foiré…
HANNA _ Qu’est tu fais ? T’aurais jamais dû lire ça, jamais.. Tu peux pas t’immiscer dans ma vie comme ça et lire ce que j’écris. Ça devait rester sur papier, jamais t’aurait du tomber dessus Sophie, jamais !
Tout ce que je voulais, c’était la prendre dans mes bras, la serrer et lui dire que tout irait bien. Sérieusement ? Tout irait bien ? Tout fout le camp, tout le temps, quand les choses rentrent dans l’ordre, tout s’écroule. J’étais incapable de prononcer un quelconque mot. Incapable d’arrêter de pleurer, incapable de respirer, incapable de me pardonner, incapable d’oublier ce que j’avais lu, ce que j’avais vécu…
Mes mains tremblaient dans le vide. Elle m’avait arraché le cahier, l’avait parcourus quelques secondes et avait hurler encore plus fort. Mon cœur manquait quelques battements.
C’était donc ca ? La vie avait décidé de s’acharner du début à la fin sur cette « famille » ? Elle avait décidé de nous enterrer vivantes, de nous démolir étapes par étapes. Nous offrant de sublimes instants pour ensuite tout balayer d’un revers de la main ?
SOPHIE _ Je… je, je suis tombée dessus et j’ai ouvert et je suis tombée dessus, j’aurai pas du le lire, je suis …
Désolée ne suffirait pas. A quoi bon de toute façon ? Les choses étaient faites. Le mal ne nous quitterait pas de sitôt. Et l’envie de hurler me rongeait les tripes. L’envie de le tuer, de le regarder souffrir comme il nous a fait souffrir et de le laisser crever la gueule ouverte. L’envie de lui tirer une balle entre les deux yeux et d’être la suivante. Plus envie de rien si ce n’est de ne plus rien sentir, ne plus rien se souvenir, ne plus rien voir, ne plus rien entendre, oublier puisque pardonner est impossible…
SOPHIE _ Pourquoi tu ne m’as jamais rien dit Hanna ? Est ce que… est ce qu’il l’a fait … plusieurs fois ???
Je me dégoutais de poser ce genre de questions, je me dégoutais d’avoir à poser ce genre de questions. Maintenant que les choses étaient exposées au grand jour, je peux me souvenir du jour ou ca a commencé, et de chaque jour qui a suivit… je peux me souvenir du nombre de fois exactes. De son sourire ignoble sur son visage de pervers, du nombre de bières qui s’en suivait et de son regard visqueux…
Je m’étais levée, pour me mettre à la hauteur d’Hanna, mais je me sentais infiniment petite à coté d’elle. Je me sentais faible et inutile et pas à ma place. Je savais que je n’avais pas droit de lire ses pensées, je le sais, mais c’était plus fort que moi. Et quand j’ai lu cette phrase, il était trop tard pour oublier…
SOPHIE_ Je suis désolée Hanna, t’aurais pas du subir ça, j’aurais pas du lire ce cahier, je suis désolée… Mais tu aurais du me le dire, on aurait trouvé une solution, j’aurai pu t’aider, je sais pas, j’aurai pu t’aider…
Les mots me manquaient …
Je la revois entrer deux minutes plus tôt, un immense sourire sur le visage et le regard enchanté et la transformation avait été radicale. Comme un coup de poignard entre les omoplates. Comme une vis en plein poumon.
Encore une partie de nous brisée, cette fois ci l’une contre l’autre… et c’était ce qui faisait le plus mal… de savoir que je ne serai pas là pour la réconforter, qu’elle refuserait que je l’approche, qu’elle refuserait que je la berce. De savoir que quoi que je dise, il y aura toujours cette horreur entre nous…
Qu’on ne se battait pas l’une avec l’autre, mais bien l’une contre l’autre…
De toutes les saloperies qu’il nous avait fait enduré, il avait jamais réussi à nous séparer… qu’il crève heureux, il a finit par y arriver…
Dernière édition par Sophie B. Conrad le Ven 3 Juin - 11:54, édité 2 fois
Hanna E.Conrad
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Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Mer 1 Juin - 13:18
J’aurais du me douter qu’après avoir vécut une soirée de ce genre..Une merde allait suivre. Mais je n’aurais jamais pensé que ce soit cette merde qui ressorte. Celle que j’essayais tant bien que mal de cacher depuis maintenant 13ans. Treize ans, l’âge que j’avais quand il a osé pour la première fois, avoir des gestes plus que déplacés envers moi. J’avais subi, ne disant rien à personne. J’avais dans l’espoir qu’il s’en lasserait, qu’il ait un regain de conscience et qu’il se dise « Merde, qu’est que j’fous, c’est ma gosse ! » Mais rien, je suis même sûre qu’il ne regrette pas ! Je me suis aussi posée la question : Comment ma mère faisait pour aimer un type pareil ? Si elle était encore de ce monde, elle n’aurait jamais accepté tous les sévices qu’il nous faisait, même une gifle, elle n’aurait pas laissé passer. Et là, il me faisait toutes les horreurs du monde. C’était peut-être mérité, j’avais ramené des mauvaises notes, et c’était sûrement ma punition pour avoir échouer. Drôle de conception de la vie de famille.
Je n’en ai jamais parlé à personne, et encore moins à Sophie, j’étais trop honteuse de ce qu’il me faisait, et je ne voulais pas voir le regard déçue de ma sœur. Et au fond, je ne savais pas si elle et mes deux autres sœurs vivaient ça aussi. J’espérais que non, ça enlève toute innocence, et nous ne pensons qu’à une seule chose dans ce genre de moment..Peut-être deux ! Le faire payer, voir même comment se faire payer soi-même car depuis treize année, la vie craint.
Je savais que c’était mal, ce qu’il avait fait. Qu’il n’avait pas le droit et que c’était puni par la loi. Mais, je me sentais coupable de tout, coupable car j’ai tué sa femme, ma mère, et que je n’ai que la monnaie de ma pièce. Peut-être que si une de nous avait donné sa vie pour sauver Eli, l'autre aurait pu être heureuse..La vie en avait décidé autrement, et faut bien qu’il y en ait qui bouffe de la merde.
Sophie avait les larmes aux yeux, et se sentait fautive de ce qu’elle avait lu. Il y avait de quoi. Elle savait que ce cahier m’appartenait et que j’y avais dit plusieurs fois de NE PAS lire son contenu. Je la savais curieuse, mais j’avais dans l’espoir qu’elle respecte ma volonté d’avoir un jardin secret. Dans mon cas, c’est plutôt une décharge, vu le taux de malheurs que je subis. Et je ne m’apitoie pas sur mon sort, je constate juste les faits !
SOPHIE - Je… je, je suis tombée dessus et j’ai ouvert et je suis tombée dessus, j’aurai pas du le lire, je suis … HANNA – T’es quoi Sophie ? DESOLEE ? Mais merde, tu dépasses les limites ! – Le ton de ma voix augmentée au fur et à mesure que la conversation avançait.
Elle pouvait être désolée, ça n’arrangerait rien, elle est au courant maintenant. Au courant de ce mal qui me ronge depuis tant d’année. J’ai essayé de l’enfouir en moi, mais soyons honnête, je me mentais à moi-même en prétextant que tout va bien, mais c’est l’inverse. Jamais, je n’avais été bien. Ma vie était une comédie géante. Je mentais aux autres, à mes sœurs, à tout le monde, à moi-même. Du grand n’importe quoi.
SOPHIE - Pourquoi tu ne m’as jamais rien dit Hanna ? Est ce que… est ce qu’il l’a fait … plusieurs fois ??? HANNA – Mais dit quoi Sophie ? Y a rien à dire, rien à faire. Le mal est fait. – Je restais stupéfaite par la fin de sa phrase.. – Quoi ? Tu veux peut-être la date et l’heure ? Soit pas débile Sophie, ces choses là n’arrivent jamais qu’une seule et unique fois…ça serait trop beau !
Bizarrement, je ne pleurais pas, et pourtant, mes larmes me brûlaient le canal lacrymal. Mais je ne voulais pas verser une larme, pas pour lui, pas pour ce qu’il m’avait fait. J’avais assez pleuré comme ça. Le fait que Sophie le sache, me soulagea un peu. Mais je ne pouvais accepter qu’elle s’immisce dans mon intimité comme ça. Je ne voulais pas qu’elle voit cette facette de moi, celle que je suis intérieurement. Je préfère qu’elle reste sur la Hanna rigolote, qui la regarde faire des tartines, qui l’a réveil à 4h du matin avec un rêve débile, celle qui lui demande de démêler ses cheveux car même si elle sait le faire à vingt-six ans, elle aime encore plus quand c’est sa sœur qui le fait. J’aimais qu’elle ait cette image de moi, d’une petite fille. Mais maintenant qu’elle le sait, elle peut que me voir comme une trainée, souillée par son propre père, l’inverse de ce que je voulais qu’elle croit.
SOPHIE_ Je suis désolée Hanna, t’aurais pas du subir ça, j’aurais pas du lire ce cahier, je suis désolée… Mais tu aurais du me le dire, on aurait trouvé une solution, j’aurai pu t’aider, je sais pas, j’aurai pu t’aider…
Je m’indignais, elle avait osé s’excuser. Les mains sur la tête, un tas de phrase se bousculait dans ma tête.
HANNA – Et t’aurais fait quoi si tu l’avais su ? Rien Sophie, y a rien à faire. Si sa vie est devenue une belle merde à cet homme, c’est à cause de nous. Et on doit lui en vouloir ? J’dois juste mériter ce qu’il m’arrive simplement. J’vois pas d’autres explications. – Elle était debout face à moi, je voyais dans ses yeux cette tristesse, et cette haine mélangeaient. – M’aider pourquoi faire ? – Ma voix s’enrouée. – Tu ne peux pas m’aider, personne le peut, c’est trop tard…Ma vie était pourrie à la première seconde ou j’ai respiré dans ce monde..un enchainement de désastre n'a fait que suivre: Notre mère, la relation avec le paternel, Donovan, Noah..Tout se casse la gueule parce que « c’est la vie » j’dois l’accepter comme c’est, même si ça m’plait pas ! – J’évacuais mes échecs en quelques mots, et ça n’avait fait que m’énerver d’avantage. – Depuis treize ans, je ne vis pas, je survis ! Et c’est la seule solution que j’ai trouvé, écrire sur ce putain de cahier pour continuer ensuite cette vie sans m’en plaindre. Et toi avec ta curiosité mal placée, t’as tout gâché ! - Je baissais la tête. - Tu sais ce qu'il te reste à faire maintenant..oublier que tu as lu, et faire comme si de rien n'était. On y changera rien, autant toi que moi, et j'vois pas pourquoi on doit continuer à en parler...
Je savais qu'elle n'oublierait pas, ça l'a hanté trop déjà. J'avais vu sur la page, ses larmes mêlées aux miennes. Elle avait eu mon mal-être face à elle, une version de moi, qu'elle n'imaginait certainement pas. J'avais l'infime espoir maintenant, qu'elle aille se coucher sans remettre la conversation sur le tapis..
Sophie B. ConradMessages : 278 Date d'inscription : 16/01/2011 Localisation : Port Hudson Emploi/loisirs : Propriétaire & gérante du Lucky Leon's
Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Mer 1 Juin - 14:56
HANNA – Mais dit quoi Sophie ? Y a rien à dire, rien à faire. Le mal est fait. Quoi ? Tu veux peut-être la date et l’heure ? Soit pas débile Sophie, ces choses là n’arrivent jamais qu’une seule et unique fois…ça serait trop beau !
Pourquoi est ce que j’avais meme posé la question ? Elle était pas sortie comme je voulais, je voulais pas savoir combien de fois, je voulais juste savoir s’il était allé jusqu’au bout, si par chance il s’était arrêté avant. Je voulais croire qu’elle était passée au travers de ça. Qu’elle l’avait pas subit jusqu’au bout. Je voulais croire qu’il ne l’avait pas détruit elle aussi. Mais non, il l’avait bousillée, et plus d’une fois. Et il aimait ça. Il y prenait un plaisir sadique à nous regarder lutter, à nous écouter vomir après coup. Il prenait un malin plaisir à nous achever, lentement.
Elle contenait ses larmes, le regard rougit de colère et de douleur, elle réussissait encore à contrôler ses pleurs. Treize ans de larmes perlaient le long de mes joues et ca faisait un mal de chien. Ca brulait, ca me rongeait et je savais pas quoi lui dire. Je me retrouvais comme une conne face à ma sœur, sans savoir quoi répondre, sans savoir quoi faire. Son regard ne s’atténuait pas et celui qu’elle me jetait était d’une noirceur insoupçonnable. Elle finissait de m’achever. Les sanglots m’empêchaient de respirer, l’impression que le monde entier s’écroulait autour de moi. Le corps trop lourd pour mes jambes, j’avais l’impression de vaciller. Je tenais droite mais je me sentais mal. Je m’excusais, de ne pas avoir été là quand il fallait, de ne pas l’avoir aidée. Mauvaise manœuvre, elle s’énerva encore plus, cria plus fort et une barrière de plus venait de tomber entre elle et moi. Une de trop…
HANNA – Et t’aurais fait quoi si tu l’avais su ? Rien Sophie, y a rien à faire. Si sa vie est devenue une belle merde à cet homme, c’est à cause de nous. Et on doit lui en vouloir ? J’dois juste mériter ce qu’il m’arrive simplement. J’vois pas d’autres explications.
Ces phrases s’empilaient dans ma tête, se chevauchaient, s’entremêlaient, je pouvais plus rien contrôler, le ton monta de mon coté aussi, plus fort que je ne le voulais, peut être meme plus fort que les hurlements de ma sœur.
SOPHIE _ A cause de nous ? A cause de nous Hanna ? Mais on a rien demandé nous. En quoi tu mériterais ce qui t’arrive ? Sa femme est morte et on y est pour rien. Tu crois pas qu’on aurait préféré avoir une vie normale ? Plutôt que de se retrouver sans parent dès notre naissance ? Putain Hanna, dis jamais que c’est de notre faute. Si tu m’en avais parlé on aurait au moins pu être deux contre lui. Se soutenir, s’aider… J’aurai pu t’aider…
HANNA_ M’aider pourquoi faire ? Tu ne peux pas m’aider, personne le peut, c’est trop tard…Ma vie était pourrie à la première seconde ou j’ai respiré dans ce monde... un enchainement de désastre n'a fait que suivre: Notre mère, la relation avec le paternel, Donovan, Noah..Tout se casse la gueule parce que « c’est la vie » j’dois l’accepter comme c’est, même si ça m’plait pas ! Depuis treize ans, je ne vis pas, je survis ! Et c’est la seule solution que j’ai trouvé, écrire sur ce putain de cahier pour continuer ensuite cette vie sans m’en plaindre. Et toi avec ta curiosité mal placée, t’as tout gâché !
SOPHIE _ Je t’ai dis que j’étais désolée pour ton cahier, oui j’ai merdé mais je vois pas en quoi j’ai tout gaché. Oui tu as eu une vie pourrie jusque là mais c’est pas ta faute Hanna, c’est pas la mienne non plus. William a toujours été un enfoiré de première, un sadique en puissance, un putain de pervers et tu crois que c’est de notre faute ? Tu crois que c’est de ta faute si tout a foiré avec Noah ? Bordel Hanna, t’y es pour rien, tu mérites pas ce qui t’arrive. Et Arrête de te rabaisser, de croire que t’es toujours moins bien que les autres, que tu mérites chaque merde qui t’arrive, arrête. Arrête de penser que t’es coupable de tout ça. T’avais treize ans bordel, c’est toi la victime pas lui. puis parler d’en finir ? Je veux bien que ce soit ton jardin secret, mais t’as pas intérêt à faire une connerie pareille…. - Ma voix n’avait pas tremblée jusque là, j’avais été capable de tout sortir d’une traire, de crier plus fort qu’elle, les poings serrés à m’en trouer la peau. Mais les sanglots ressurgirent, reprirent le dessus- Je pourrai pas sans toi, t’es la seule qui me rattache au bonheur, t’es la seule personne qui vaille le coup sur cette foutue planète, parle jamais de ça, n’y pense même pas…
Mais elle continuait, elle s’arrêtait plus non plus, impossible de faire marche arrière, j’étais sa grande déception du moment.
HANNA_ Tu sais ce qu'il te reste à faire maintenant..Oublier que tu as lu, et faire comme si de rien n'était. On y changera rien, autant toi que moi, et j'vois pas pourquoi on doit continuer à en parler...
SOPHIE _ Oublier ? Tu te fous de ma gueule ? Comment veux tu que je puisse oublier ça ? ça fait treize ans que ca me ronge, comment veux tu que j'oublie que j’ai pas pu te protéger ? Que j’ai pas pensé une seconde à cet âge là qu’il pouvait te faire ça aussi ?
C’était sorti tout seul, sans que je m’en rende compte. Mon regard était de nouveau sec, seul le rouge de mes yeux et les joues humides trahissaient les larmes que j’avais versées.
SOPHIE _ C’était pas de notre faute Hanna, on a jamais rien demandé à personne et on l’a vécu quand même. La vie est une chienne mais on y peut rien. Et t’étais pas seule dans cette histoire, j’étais là aussi… je l’ai vécu aussi …
J’avais retrouvé un ton plus posé même si le débit de parole avait gardé une folle allure. Tout autour de moi s’effondrait. Treize ans de silence à enchainer les conneries pour évacuer, me dire que si j’avais fais une overdose en me droguant, je l’aurai bien mérité. Que si je finissais morte dans une allée sombre pour être repartie avec un inconnu, je l’aurai cherché. Treize ans éclater en deux minutes… Et ca brule encore plus…
Dernière édition par Sophie B. Conrad le Ven 3 Juin - 11:52, édité 1 fois
Hanna E.Conrad
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Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Jeu 2 Juin - 20:26
Nul doute que ce que j’avais écrit l’avait profondément touché. Elle avait lu mes pensées les plus profondes, les plus intimes, celles que je n’avais jamais clamées haut et fort. Je n’avais jamais eu de conversation sur ce que je ressentais vraiment. J’étais allée voir une psy pendant quelques semaines, mais je n’arrivais pas à lui dire tout cela. La seule « personne » a qui j’arrivais à tout confier, était ce petit cahier acheté 1 dollar 25 dans un supermarché. Puis je savais que Sophie se mettrait en boule si elle savait que je pensais à rejoindre mon fils. Peut-être que là enfin, je serais heureuse. Je ne sais pas, tout m’échappe en ce moment même, et je n’ai qu’une seule envie. Recommencer ce moment: Recommencer un tas de moment enfaite. Ou simplement recommencer ma vie. Je pense qu’en changeant un truc, tout rentrerait dans l’ordre. N’allons pas chercher loin. Tuons mon père au lieu de ma mère, et tout sera différent.
De toute façon, je n’ai pas de chance avec les pères, je ne sais pas pourquoi, même celui de Donovan ne m’aimait pas. Pourtant, je vous assure que j’ai tout fait pour, encaisser les critiques, les reproches, les intimidations, mais un jour, j’ai craqué purement et simplement. J’avais atteint mes limites, et même si j’aimais Donovan profondément, il avait gagné. Je n’étais pas un adversaire à sa taille, il était trop grand, trop imposant, avec un pouvoir énorme, et c’était surtout un sournois, il a tout fait dans le dos de son fils, profitant de la perte du mien pour me mettre le coup fatal. Je n’ai jamais autant été brisé que ce jour là.
J’essayais de remonter la pente tant bien que mal, et quand j’avais une angoisse, je la notais dans ce cahier, il était mon échappatoire. Seul lui, me connaissait vraiment.
SOPHIE - Je t’ai dis que j’étais désolée pour ton cahier, oui j’ai merdé mais je vois pas en quoi j’ai tout gâché. – Je regardais le plafond, pas spécialement envie de voir son regard. Elle avait gâché quelques chose oui, elle avait lu ce journal, lu ses mots qu’elle n’aurait jamais du lire, vu mon ressenti, ma peine, et mes plus sombres pensées. - Oui tu as eu une vie pourrie jusque là mais c’est pas ta faute Hanna, c’est pas la mienne non plus. William a toujours été un enfoiré de première, un sadique en puissance, un putain de pervers et tu crois que c’est de notre faute ? Tu crois que c’est de ta faute si tout a foiré avec Noah ? Bordel Hanna, t’y es pour rien, tu mérites pas ce qui t’arrive. Et Arrête de te rabaisser, de croire que t’es toujours moins bien que les autres, que tu mérites chaque merde qui t’arrive, arrête. Arrête de penser que t’es coupable de tout ça. T’avais treize ans bordel, c’est toi la victime pas lui. puis parler d’en finir ? Je veux bien que ce soit ton jardin secret, mais t’as pas intérêt à faire une connerie pareille…. – Elle se mit à pleurer, je restais impassible, faisant croire, que ça ne m’atteignait pas..et pourtant. ! - Je pourrai pas sans toi, t’es la seule qui me rattache au bonheur, t’es la seule personne qui vaille le coup sur cette foutue planète, parle jamais de ça, n’y pense même pas…
HANNA – Ne mets JAMAIS, le nom de mon fils dans la même phrase que son nom à lui ! – Je m’étais énervée soudainement, entendre ses deux noms ensembles, ça m’avait mit les nerfs. J’imaginais ce qu’il aurait pu lui faire à lui aussi si..Bref – Victime ou pas, ça n’change pas mon ressenti, j’ai pas pu avoir une relation correcte après ça, j’faisais confiance à personne, j’pensais qu’ils étaient tous comme lui, tous des enculés de première, et quand j’en trouve ENFIN un, c’est son connard de père qui m’en veut. C’est pas normal, j’trouve pas normal qu’on m’enlève tout ce que j’ai, qu’on m’laisse souffrir. Donc oui, j’ai pensé à en finir, car ça m’brûle tellement de l’intérieur que j’ai l’impression que j’vais jamais m’en remettre. Parce que quand tu as lu ces mots, ça faisait un an que je l’avais perdu. Parce que le trou béant qu’il a laissé dans ma poitrine ne partira jamais, et que Donovan me manque chaque jour. Ils donnaient un sens à ma vie, une raison pour vivre, et là j’ai plus rien. J’ai même pas une photo de Noah, rien! Juste cette image de lui mort dans son petit cercueil blanc qui tourne en boucle dans ma tête ! – Ma voix s’atténuait au fur et à mesure de mon discours. Aucun parent ne devrait enterrer son enfant, ce n’est pas dans l’ordre des choses. Et c’est surtout invivable, chaque jour, je me demandais comment il serait, s’il allait avoir mes yeux bleus, ou le caractère de son père, s’il allait dire « papa » ou « maman » en premier. Des trucs de parents normaux, que je faisais moi, post-mortem !
Demander à Sophie d’oublier était assez culotté de ma part, mais je ne voulais pas qu’elle argumente dessus. Juste qu’elle fasse comme si de rien n’était, comme si elle le savait depuis des lustres. Je ne voulais pas en parler, pas encore. Tout avait été dit, pourquoi en rajouter ? Pour se faire encore plus mal, pour ressasser ce putain de passé qui m’a complètement détruite. Je ne voulais pas y repenser à nouveau, et pourtant, elle en avait décidé autrement.
SOPHIE - Oublier ? Tu te fous de ma gueule ? Comment veux tu que je puisse oublier ça ? Ça fait treize ans que ça me ronge, comment veux tu que j'oublie que j’ai pas pu te protéger ? Que j’ai pas pensé une seconde à cet âge là qu’il pouvait te faire ça aussi ? - Aussi ? Qu’est que ça veut dire. Je prenais une claque ma colère était redescendue aussi sec. Sophie aussi avait été victime de ce pervers ? Même si j’y avais pensé, je n’avais jamais eu confirmation, jusqu’à maintenant. - C’était pas de notre faute Hanna, on a jamais rien demandé à personne et on l’a vécu quand même. La vie est une chienne mais on y peut rien. Et t’étais pas seule dans cette histoire, j’étais là aussi… je l’ai vécu aussi … HANNA – Quoi ? – Cette fois-ci ce n’était pas une claque que je me prenais, mais un énorme coup dans le ventre. – Toi aussi il t’a abusé ? Mais..Sophie..C’est pas possible, il m’avait dit qu’il te ferait rien si je gardais le silence..- Mes yeux se remplirent petit à petit de larme, mais elles n’en sortaient pas pour autant ! – Il m’a menti !
Complètement abasourdie par la nouvelle, je tombais raide sur la table basse, mettant ma tête entre mes mains. Et je répétais cette phrase « c’est pas possible ». En plus d’avoir était violée par mon père, j’avais aussi été abusée mentalement. Tout mon être était sali par cet individu. Des envies de meurtres me montaient, peut-être qu’un prix de groupe serait pas plus mal, j’ai un autre père à rajouter à la liste à abattre..
Je reprenais mes esprits, mais ne regardait pas Sophie pour autant. Je n’arrivais pas. Tant d’année à lui cacher ces horreurs alors qu’elle vivait la même chose quand j’allais chercher le pain. En gardant le silence, je pensais protéger ma sœur, mais ce gros porc se protégeait à lui enfaite. J’étouffais littéralement, je me pressais à la fenêtre pour prendre de l’air.
HANNA – Tu crois qu’Alison et Holly aussi ? – lui dis-je spontanément et je répétais – T’aurais jamais du lire ça Sophie.
Elle avait ouvert la boite de pandore. Difficile maintenant de passer outre ces évènements encore plus dramatiques que je ne le croyais.
Sophie B. ConradMessages : 278 Date d'inscription : 16/01/2011 Localisation : Port Hudson Emploi/loisirs : Propriétaire & gérante du Lucky Leon's
Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Ven 3 Juin - 13:23
« Ces pauvres petites, avoir perdu leur mère à la naissance et avoir un père si absent, ça ne doit pas être facile tous les jours». J’avais entendu ça, souvent lorsque je dormais chez les Reilly. Et souvent je me disais, « Si seulement mon père était absent, la vie aurait une autre couleur ». Un peu plus colorée, un peu moins terne. Les moments où il n’était pas là faisaient partie des meilleurs instants. On arrivait à jouer sans avoir à chuchoter, on pouvait courir partout dans l’appartement, sans avoir à craindre de le croiser. On arrivait à danser, rire sans aucune gêne quand il n’était pas dans l’appartement. C’est quand il rentrait que les choses devenaient difficiles. Melinda Reilly me demandait souvent si les choses se passaient bien à la maison. Comment je m’étais fait telle ou telle blessure, si nous avions besoin de quelque chose. Quand elle pouvait, elle nous emmenait, les quatre sœurs Conrad avec eux en balade, en week end. Elle était la mère dont je rêvais. Monsieur Reilly m’avait appris à faire du vélo, à bricoler une lampe et réparer les poupées que je cassais sans cesse. Il m’avait appris à jouer au baseball et à taper dans un ballon. Il m’avait appris tout ce qu’il y a à savoir sur les voitures. Il était le père que j’aurai aimé avoir. Et quand tout allait mal à la maison. Pendant ces moments où je sentais le corps lourd de mon père encore sobre s’appuyer contre le mien, chuchotant à mon oreille obscénités sur obscénités, souillant ma chair et mon âme. Dans ces moments, je m’imaginais chez les Reilly, à leur table, ou enfoui dans les bras de la mère devant le film du soir, jouant aux cartes avec le père, écoutant les dernières frasques des frères ou dormir contre Lexie, ma main dans la sienne. Dans ces moments là, ceux ou tout s’effondraient un peu plus, je me rattachais à cette famille pour éviter de me jeter du quatrième étage. J’y avais pensé à ca aussi. Souvent, mais quand j’arrivais à notre fenêtre, je voyais la chambre de Lexie à droite et celle de Sean à gauche. Je voyais les dessins d’Hanna, les cahiers d’Holly et l’inséparable peluche d’Aly. Je regardais tout ça et je me disais qu’il n’aurait pas gain de cause. Que je me battrai pour ceux qui en valaient la peine, et que je préférais souffrir moi, plutôt que de causer une quelconque larme sur les joues des gens que j’aimais. Et je me disais aussi que temps que j’étais là, Hanna serait tranquille…
J’étais sorti de mes gonds à mon tour, j’avais crié plus fort qu’elle, dégueulant une rage qui me brulait les entrailles.
HANNA – Ne mets JAMAIS, le nom de mon fils dans la même phrase que son nom à lui!
J’en suis restée figée. L’impression qu’elle pensait que je pouvais caser les deux dans le même panier. Jamais. Mon neveu faisait partie des gens que j’avais le plus aimé en un temps infime. Je passais des après midi entiers à lui parler des gens autours. De sa mère. Chaque fois que je voyais un petit garçon dans la rue, une gourmandise à la main, je me demandais si Noah aimerait les glaces au chocolat ou préfèrerait celles au caramel. Il n’était pas la chair de ma chair, mais je l’avais aimé aussi, et JAMAIS, je ne serai capable de le comparer au monstre qui nous avait engendré. Ne pas prononcer le nom du diable et le celui d’un ange dans la même phrase…
HANNA _ Victime ou pas, ça n’change pas mon ressenti, j’ai pas pu avoir une relation correcte après ça, j’faisais confiance à personne, j’pensais qu’ils étaient tous comme lui, tous des enculés de première, et quand j’en trouve ENFIN un, c’est son connard de père qui m’en veut. C’est pas normal, j’trouve pas normal qu’on m’enlève tout ce que j’ai, qu’on m’laisse souffrir. Donc oui, j’ai pensé à en finir, car ça m’brûle tellement de l’intérieur que j’ai l’impression que j’vais jamais m’en remettre. Parce que quand tu as lu ces mots, ça faisait un an que je l’avais perdu. Parce que le trou béant qu’il a laissé dans ma poitrine ne partira jamais, et que Donovan me manque chaque jour. Ils donnaient un sens à ma vie, une raison pour vivre, et là j’ai plus rien. J’ai même pas une photo de Noah, rien! Juste cette image de lui mort dans son petit cercueil blanc qui tourne en boucle dans ma tête!
Les larmes ne coulaient plus. Le feu qui brulait en moi avait séché les perles d’eau qui noyaient mon regard. Je savais bien qu’elle avait ce poids chaque jour sur elle. Je savais que Donovan lui manquait, je savais que le fait de perdre Noah l’avait anéanti et je ne pouvais pas la blâmer. Tout avait foutu le camp pour elle en même temps alors qu’elle construisait à peine sa propre vie. Et rien de tout ça n’était normal. Quoi lui répondre ? Quoi dire face à ça ? J’avais pas plus d’explication qu’elle. Et elle avait raison, la douleur ne partirait jamais, elle s’estomperait, un jour, mais un rien la réenclenchera. Et ce vide en elle, il se remplira petit à petit de nouveaux moments de bonheur, mais il ne sera jamais complet, impossible…
J’étais incapable de parler. Je voyais pas quoi dire. En temps normal, je serai restée silencieuse, et aurait glissé ma main dans la sienne. Si je m’étais approché à cet instant, elle m’aurait surement collé une claque.
SOPHIE _ Rien de tout ça n’est normal, Eli n’aurait pas du mourir, William n’aurait pas du vivre. Tu n’aurais jamais du perdre Donovan et Noah, tu n’aurais jamais du te retrouver seule face à ça. Mais y mettre un terme ne sera jamais la solution à toute cette merde…
Ma voix s’était adoucie, j’avais sortie ca dans un léger chuchotement, comment si je me parlais plus à moi même qu’à Hanna. Je m’étais appuyée contre la bibliothèque mal fixée. J’avais besoin de ca pour me tenir droite, ne pas courber le dos, ne pas laisser mes jambes s’emballer. Et elle m’avait demandé d’oublier. Ma voix avait pris un ton plus froid, plus distant. Comment est ce que je pourrai oublier ces interminables minutes ou le géniteur glissait ses mains sur mon corps d’enfant, quand je sentais ses lèvres salir ma nuque, quand ses vas et viens me donnaient envie de vomir. Je comptais les taches sur le plafond, lentement, il aurait finit au bout de la quarante huitième. Et je pourrai remettre mes vêtements et courir sous la douche, mêler mes larmes à celle du robinet, vomir mon âme dans les toilettes et sortir de là en affichant un sourire trompeur. Traverser le plus vite possible l’appartement et courir sans m’arrêter dehors, espérant que la pluie bâterait son plein. Et rentrer, épuisée, salie et souillée à une heure où je serai sure que le père serait au bar. Je n’en avais jamais parlé à mes sœurs. Jamais à Lexie non plus, même si elle s’était douté plusieurs fois que quelque chose d’anormal se produisait dans cette maison.
Et là, entre deux hurlements et deux reproches, j’avais laissé échapper, après treize longues années, meurtries dans le silence que j’avais subit les même sévices abominables que ma jumelle.
HANNA – Quoi ? Toi aussi il t’a abusé ? Mais..Sophie..C’est pas possible, il m’avait dit qu’il te ferait rien si je gardais le silence..- Il m’a menti ! c’est pas possible
Elle s’était laissée tomber sur la table basse, camouflant son visage entre ses mains. Après une seconde d’hésitation, je m’étais installée à coté d’elle. Pas trop près, éviter tout contact physique. Mais pas trop loin non plus, qu’elle sache que j’étais là pour elle.
SOPHIE _ Ca t’étonne sincèrement qu’il t’ait menti ? Ce pervers était capable des pires choses et tu te focalises sur un mensonge de plus ?
Mais elle restait concentrée, ou abasourdie sur ce qu’elle venait d’apprendre. Elle écoutait sans écouter et demanda immédiatement si des quatre sœurs nous étions les seules ou pas à voir subit ça.
SOPHIE _ Je pense pas pour Alysson et Holly. C’est pas à elles qu’il en voulait. C’est toujours à nous. C’est à notre naissance qu’il a perdu la tête. Il a jamais su laquelle des deux avaient tuée la mère alors il a pas fait de différences. Il nous a fait subir la meme chose…Et puis même s’il avait su laquelle des deux était médicalement responsable, les choses auraient rien changé, il a jamais su nous différencier…
J’étais étrangement calme. Comme si j’avais réfléchis à la question pendant longtemps. Treize ans pour être exacte.
SOPHIE _ Et puis il a arrêté du jour au lendemain… pour moi en tout cas… Il disait qu’il ne te ferait rien aussi. Si je gardais le silence, il te laisserait tranquille. J’ai pas dormis pendant des mois pour être sure, je séchais les cours pour ne pas que tu sois seule à la maison, je pensais vraiment que j’avais réussi à te protéger. Je pensais pas que tu avais vécu ca… Je l’aurai tué sinon…
Et elle savait que je l’aurai fait. Sincèrement. Elle savait que j’en aurai été capable. Pas pour moi, mais pour elle.
HANNA _ T’aurais jamais du lire ça Sophie.
SOPHIE _ Je sais, je suis trop curieuse et je voulais pas m’immiscer dans ta vie. Je sais que j’aurai pas du mais je l’ai fait et je suis désolée.
Ma journée repassait en boucle dans ma tête, en huit ans je n’avais jamais remis les pieds dans notre quartier d’enfance, et aujourd’hui j’y étais allée. Comme si le destin voulait me préparer. Me dire qu’il était temps que j’ouvre les yeux. J’avais été sur la tombe de la mère, comme un pèlerinage, peut être pour avoir son pardon. Être sure qu’elle ne me tenait pas responsable de la déchéance du père. Qu’elle était fière et heureuse que j’ai pu sauver Hanna. SI j’avais rien trouvé à lui dire, c’est parce qu’au fond, je savais que j’avais échoué, qu’elle avait souffert aussi des frasques du père.
Comme s’il était temps pour nous de clôturer ce chapitre.
SOPHIE _ J’ai aucune excuse pour ce que j’ai fait. J’aurai pas du m’introduire comme ça… Si c’était à refaire, j’agirai différemment, mais personnellement, mettre des mots là dessus, ca me libère… On a été abusées, violées et c’est pas normal…
Rien de tout ça n’est normal. J’avais glissé ma main sur la table basse, la rapprochant des jambes d’Hanna, je voulais attraper sa main à elle mais je n’avais pas osé, alors j’avais laissé la mienne près d’elle, espérant qu’elle ferait le dernier pas.
J’avais l’impression que le sujet n’allait pas s’étendre, qu’elle ne voudrait plus en parler alors j’avais finit par mettre un mot la dessus. Un viol. C’était la première fois que je me referais à ça de cette façon…
Hanna E.Conrad
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Sujet: Re: *Secrets are made to be found out with time...* [CLOSE] Jeu 9 Juin - 1:26
SOPHIE - Rien de tout ça n’est normal, Eli n’aurait pas du mourir, William n’aurait pas du vivre. Tu n’aurais jamais du perdre Donovan et Noah, tu n’aurais jamais du te retrouver seule face à ça. Mais y mettre un terme ne sera jamais la solution à toute cette merde…
Elisabeth, notre mère. Bizarrement, on ne l’appelait jamais « maman ». Ne pas l’avoir connu nous avait fait devenir des femmes beaucoup plus vite que les autres petites filles. Je ne remets pas la faute sur elle pour les abus de son mari. Mais j’avais dans l’idée que si elle était là, notre vie aurait été totalement différente. Dès le départ, nous avons été mises à l’épreuve, et jusqu’à maintenant, c’était carton plein. Pas sur qu’Hercule, le demi-dieu, ait fait mieux que nous. A nous deux, on devait avoir plus de malheurs qu’une douzaine de personne réunit. Et pourtant, les Conrad sont toujours debout. Invincible peut-être et c’était d’apparence, mais enfaite, nous étions totalement détruite émotionnellement.
HANNA – T’as entièrement raison..mais à l’heure d’aujourd’hui, je n’arrive pas à avancer…le seul truc que j’sais faire, c’est ressasser le passé et mettre des « Si » partout..C’est pas une vie de vivre uniquement comme ça. Je ne vois pas de fin. J’aimerais me dire que j’irais mieux, mais j’t’avoue maintenant, que j’ai peur d’être heureuse. Peur car je veux pas rechuter encore plus bas que je ne le suis déjà. Donc oui, c’est peut-être pas LA solution, mais ça en est une…
Apprendre que ma sœur avait aussi vécut ça, m’avait totalement anéanti. L’infime espoir auquel je me rattachais, c’était totalement dissout. Je n’arrivais pas à pleurer, seule la haine m’animait à cet instant. La désolation de la situation aussi. Le désastre qu’un acte peut avoir sur la vie future d'une petite fille. Le dégout, de mettre fait berner par ce putain de salopard.
SOPHIE - Ca t’étonne sincèrement qu’il t’ait menti ? Ce pervers était capable des pires choses et tu te focalises sur un mensonge de plus ?
Je lui souris nerveusement. Oui, ce mensonge m’emmerdait, car il était mon seul espoir qu’elle n’ait pas vécut tout ça. Donc oui, je m’accrochais à ses dires sans avoir la certitude qu’ils soient vrais. J’y croyais, c’était mon corps contre sa parole que ma sœur était sauve. Cette pensée me dégouta, et encore plus maintenant que je sais que je suis aussi stupide pour l’avoir cru. Il devait bien se marrer ce connard.
HANNA – Ce mensonge était ma monnaie d’échange pour te savoir en sécurité Sophie. Donc oui, j’ai eu la naïveté de le croire, de croire que tu ne subissais pas ça toi aussi. Il a utilisé notre amour contre nous..j’arrive pas à y croire ! Il devrait même pas existe !
Maintenant que je savais pour Sophie, je me focalisais sur mes deux ainées, Holly et Alysson. Les deux fiertés du paternel, les deux qui selon lui « en vaille la peine ». Je ne leurs en avais jamais voulu, car au fond, je ne voulais pas être une de ses « fiertés » sachant ce qu’il nous faisait à Sophie et moi. Elles avaient connu la meilleure part de Williams Conrad, et on avait fait ressurgit la pire.
SOPHIE - Je pense pas pour Alysson et Holly. C’est pas à elles qu’il en voulait. C’est toujours à nous. C’est à notre naissance qu’il a perdu la tête. Il a jamais su laquelle des deux avaient tuée la mère alors il a pas fait de différences. Il nous a fait subir la même chose…Et puis même s’il avait su laquelle des deux était médicalement responsable, les choses auraient rien changé, il a jamais su nous différencier…
C’était fou, en vingt six ans d’existence, le père Conrad n’avait guère pu faire la différence entre nous. Pourtant, elle était flagrante. Sophie avait plus de caractère, une légère cicatrice sur la joue, et était un peu plus grande que moi. Des détails qu’il aurait pu voir, s’il avait daigné nous regarder deux minutes…
HANNA – J’espère pour elles, je n’aimerais pas savoir qu’elles y sont passées aussi. - Je pourrais aller lui couper ses couilles..quoi que je ne sais pas ce qu’il me retient..Surement la peur d’être considéré comme lui : un monstre. – On n’est pas responsable de son malheur Sophie…ça c’est produit, c’est comme ça…personne peut l’expliquer !
Mon discours s’était assagi, j’étais moins froide, et peut-être plus compréhensive. Maintenant que je savais pour elle aussi, je ne pouvais rester éternellement énervée. Il fallait, au contraire, qu’on se soutienne une énième fois dans une autre étape de notre vie. Mon essentiel, voilà ce qu’elle était.
SOPHIE - Et puis il a arrêté du jour au lendemain… pour moi en tout cas… Il disait qu’il ne te ferait rien aussi. Si je gardais le silence, il te laisserait tranquille. J’ai pas dormis pendant des mois pour être sure, je séchais les cours pour ne pas que tu sois seule à la maison, je pensais vraiment que j’avais réussi à te protéger. Je pensais pas que tu avais vécu ca… Je l’aurai tué sinon…
Essentiel ? je dirais plutôt Ange gardien. Elle se sacrifiait pour moi, et pas sur que j’en ai fait autant pour elle. Le regard vide, je pensais à tous ces moments ou elle n’était pas là car je pensais qu’elle s’amusait à sécher avec Lexie, alors qu’elle allait se sacrifier au paternel à ma place. Combien de fois m’a-t-elle sauvé la mise ? Combien d’attouchement j’aurais subit si elle n’avait pas été là ? C’était de l’ordre de l’incalculable. Peut-être qu’en rentrant simplement à deux, il n’aurait osé nous désunir pour s’attaquer qu’à une seule. A deux on est plus fort que seul…
HANNA – Il a aussi arrêté du jour au lendemain, je n’ai jamais su pourquoi, et je n’ai pas demandé d’explication, j’étais bien contente. Mais j’avais toujours cette crainte qu’il revienne à la charge quand je m’y attendrais le moins…- Bizarre qu’il ait arrêté en même temps pour nous deux. - Le tuer n’aurait servi à rien…il mérite de souffrir, tu n’aurais fait qu’abréger ses souffrances. Il nous a peut-être maudites à notre naissance, et que c’est pour ça qu’on a des vies pourries..Le fait est que le mal est fait maintenant, et si on l’avait su avant, je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire. Je n’ai aucune idée de ma réaction si je l’avais surpris quand il était avec toi…
Ma réaction ? Aucune idée, elle aurait pu être des plus trashs ou simplement silencieuse. Cet homme m’inspirait la peur, le dégout, la haine, des émotions négatives qu’on ne ressent pas vis-à-vis de son père.
SOPHIE - Je sais, je suis trop curieuse et je voulais pas m’immiscer dans ta vie. Je sais que j’aurai pas du mais je l’ai fait et je suis désolée. HANNA – J’sais bien..ça m’apprendra à ne pas ranger mes affaires..j’ai retenu la leçon. Sois pas désolée Sophie, tu n’as rien fait simplement rétablir une vérité enfouie depuis de longue année. C’est la vie. J’suis habituée maintenant à ces montagnes russes, c’est mon quotidien !
Finalement en parler ne faisait pas aussi mal que ça. Je pense qu’au fond, je ne lui en aurais jamais parlé. Il aurait fallu qu’elle tombe sur ses mots griffonnés sur une page pour qu’elle le sache. Cette conversation m’avait permis aussi de savoir que ma sœur avait été abusée de son côté. Pression mentale, violence et abus physique, un quotidien pour nous. On était rôdé à ce genre de vie, on avait touché le fond, on attendait maintenant que le meilleur. Et pourtant, c’est à croire qu’on se plaisait à toucher le fond. Entre l’abandon de ses bébés et de l’homme de ma vie et la perte de son âme sœur et de mon fils..la boucle était quelque part bouclée. Comment faire pire après tout ça ? Je doute qu’on y arrive, elle comme moi ! Maintenant, on savait vraiment tout l’une de l’autre, dans les moindres détails, les moindres paroles. Nos vies étaient liées par cette gémellité. Le besoin l’un de l’autre était plus fort que n’importe quel autre lien.
SOPHIE - J’ai aucune excuse pour ce que j’ai fait. J’aurai pas du m’introduire comme ça… Si c’était à refaire, j’agirai différemment, mais personnellement, mettre des mots là dessus, ca me libère… On a été abusées, violées et c’est pas normal… - Je la regardais enfin dans les yeux, et quand elle prononça ce mot « viol », mes yeux se fermèrent, et mon visage avait dévié légèrement comme si ce mot le répugnait..mais c'était le cas.
HANNA – J’veux pas t’excuse Sophie, surtout que « grâce » à ta curiosité, j’ai pu apprendre que toi aussi tu avais été..violée ! – Je l’avais dit, haut et fort. – Je n’ai jamais trouvé ça normal, mais vu la situation, je me suis dit que je le méritais..Et j’ai compris en grandissant que ce n’était pas une raison pour lui de nous avoir fait subir tout ça..Je regrette même de ne pas avoir ouvert la bouche plus tôt..peut-être que l’enchainement de nos vies auraient été différent..qui sait !
Mes yeux dans les siens, je sentais sa main qui se rapprochait de la mienne. Je baissais légèrement la tête et la regardait. On n’était pas de nature très démonstrative en matière de sentiments, et c’était sa manière à elle, de me dire qu’elle était là, et qu’elle avait besoin de savoir que je ne lui en voulais pas.
Je posais ma main sur la sienne. Puis je l’avais enlacé dans mes bras. Ma tête contre la sienne, je la serrais fort, peut-être trop, mais ça me rassurait. Je me levais ensuite en lui faisait un bisou sur le front, et j’allais dans ma chambre sans dire un mot.
Pas besoin d’en dire plus. Les actes avaient parlé d’eux même, et je ne voulais pas m’étendre sur le sujet. William Conrad nous avait fait assez de mal comme ça pour qu’on polémique encore une soirée sur lui. Il ne méritait pas autant d’attention de notre part. En parler ne faisait qu’augmenter notre haine envers lui. Maintenant qu’on avait joué carte sur table avec Sophie, on repartait sur une relation saine, dénuée de secret. Mais pour l’instant, je voulais être seule. Repenser à tout ça, évacuer la pression dans ma chambre, sous ma couette. Il allait me falloir quelques jours pour encaisser tout ça. Une petite remise en question était nécessaire avec ce que je venais d’apprendre. J’avais perdu toute confiance en cet être qu’était mon père. Et même si je ne le porte pas dans mon cœur, ce soir, il venait de gagner mon indifférence. Nulle haine, nul sentiment envers cet être. J’étais à présent orpheline.
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