LA VEILLE AU SOIR
LINDSAY ♣ «
Pour voir la vérité, pour connaître la voie,
je lance ce sort de toutes les façons,
par la puissance de trois fois trois, je te conjure, de me donner la vérité et rien que la vérité, poil aux pieds.
Allez Papa Noël si t'existes ! »
Après quelques recherches de plus sur le monde d'internet, j'avais trouvé une nouvelle façon de faire parler Heaven. Après la télékinésie, les philtres, l'hypnose, le vaudou, les herbes, les chansons et ma force de caractère, j'avais trouvé une nouvelle formule qui devait faire en sorte qu'elle me dise la vérité, toute la vérité. Bon d'accord, je l'avais légèrement modifiée à ma sauce pour que ce soit plus personnel … et donc plus opérationnel selon mes raisonnements logiques.
J'avais prononcé mes petites phrases un sourire aux lèvres, tout en restant bien concentrée. J'avais allumé une bougie et fait brûler une feuille dessus. Internet parlait d'une feuille de tilleul … j'avais pris une feuille de papier où j'avais dessiné un petit Clay. Et mon petit Clay illustré était … moche, mais il n'avait vécu que trois secondes alors au diable. Oups. Penser au diable à ce moment précis était-il une bonne idée ?
En mentionnant le nom du géniteur à barbe blanche le plus apprécié dans le monde après Georges Clooney -même si lui n'avait jamais rien mis au monde-, je levais les yeux au ciel comme une gamine de cinq ans qui implorait son cadeau de Noël. Ca allait marcher, ça devait marcher !
J'attrapais alors mon téléphone -pas rose- et composa le numéro d'Heaven. A peine avait-elle décroché que je débitais mon texte.
LINDSAY ♣ «
T'as besoin de fringues pour te trouver un quatre heure, alors on se retrouve demain au centre à 13h. » Et j'avais raccroché dès que l'heure avait été indiquée. Comme une phrase codée, j'étais fière de moi. Et je ne lui avais laissé aucun choix. Elle devait donc venir.
LINDSAY ♣ «
Elle parlera la cocotte, elle parlera ! »
LE JOUR J, 13h06
En me rendant au rendez-vous, je continuais d'implorer mes dieux personnels. Batman, Wonderwoman, Catwoman, sans oublier Babar et Daisy. Il fallait que ça marche. Dès que je l'aperçus, je m'approchai d'elle hâtivement. Des étincelles dans les yeux, je vins m'accrocher à son bras.
LINDSAY ♣ «
Ca va ? Ta langue est pas devenue bleue cette nuit non ? » Pour m'assurer du bon fonctionnement de ma formule, j'allais la tester. Et puis PAF au moment opportun je poserais la question fatale : Qui aimait-elle ? Bon je n'avais pas encore réellement décidé comment la formuler, mais l'idée était là. D'ailleurs je pourrais toujours la poser vingt fois de suite de façons différentes. Elle me répondrait toujours 'Clay, c'est Clay'. Et j'exécuterais une petite danse de satisfaction … avant de me mettre à chercher un philtre pour rendre leur première fois au lit plus palpitante. Tant d'attente pour un truc bouclé en trois minutes … ce serait un réel gâchis. Mais ne nous pressons pas, l'heure n'était pas encore à cette étape.
LINDSAY ♣ «
Il te faut quoi ? On va où ? » Je gardais mon sourire enjoué qui pouvait être flippant à ses yeux. C'était signe que j'avais un truc derrière la tête, que j'avais fais une bourde ou que j'avais sniffé trop de colle. Elle me regardait bizarrement … peut-être parce que c'était moi qui avait fixé le rendez-vous et qu'il ne lui fallait rien en réalité.
LINDSAY ♣ «
J'ai combien de doigts en tout ? » Je me mordillais la lèvre inférieure comme si je réfléchissais moi même à cette réponse. Mais j'enchaînais rapidement. «
Et si on t'achetait une robe pour sortir ? C'est bien ça les robes non ? » Oui je me sentais obligée de poser des questions avec toutes mes phrases. Passera-t-elle le test inconnu ? Avant même qu'elle ait répondu, je la tirais vers une boutique où nous pourrions trouver des robes. Il fallait que je la divertisse pour dissiper ses soupçons. Et puis une robe pour flirter avec Clay ça serait parfait. Il aime bien les robes … ou passer les mains dessous en tout cas.
LINDSAY ♣ «
Tu préfères quelle couleur ? Rouge ? Bleue ? Verte ? Kaki ? Nan ça c'est pour déconner. » Qui mettrait une robe kaki pour sortir ? Lindsay vivante, personne de son cercle d'amis en tout cas.
Au milieu des rayons, je cherchais une robe, sans grande conviction avouons-le. Tout en passant en revue chaque habit, je reprenais la parole l'air de rien.
LINDSAY ♣ «
Oh et sinon tu as fais quoi hier soir ? » Des galipettes ? Du ménage ? Je gardais un air détaché cette fois-ci, qui pouvait sembler encore plus suspect lorsque l'on me connaissait bien.