Le jour filtrait par les volets que j’avais mal accroché cette nuit en rentrant. J’étais encore rentrée tard. Trois heures du matin environs. J’avais encore un peu trop bu. Mais ce n’était pas de ma faute. C’est juste comme ça. Depuis deux mois environs. Mon psy dit que je vais surement passer par plein de phases différentes avant de reprendre réellement goût à la vie. C’est vrai que perdre son petit ami après trois ans ensemble ce n’est pas quelque chose qu’on oublie facilement. Alors je m’étais d’abord enfermée dans ma tête. Je ne parlais à personne. Ce qui rendait fou Clay. Mais jamais il n’a dit quoique soit. Jusqu’au jour où il a tout laissé sortir. Ce qui fut une sorte d’électrochoc. Je suis sortie de ma torpeur quand je me suis rendue compte que la vie avait continué et qu’elle ne m’attendrait pas. Cependant je n’étais pas encore prête à tournée complètement la page. Cela faisait pourtant sept mois que l’ouragan était passé. Mais rien n’y fait, la douleur est trop grande.

Je me levais de mon lit difficilement. J’ouvrais les volets pour que le soleil inonde ma chambre. La chaleur se fit sentir. Les beaux jours arrivaient. Au moins c’était ça. Peut être que cela rendrait les choses plus faciles. Et puis il y avait Clay. Je ne pouvait pas l’abandonner. On se connaissait depuis bien trop longtemps pour que je coule sans tenter de me battre pour lui. Il était tout ce qu’il me restais à présent. Je ne pouvais pas me permettre de le perdre aussi.

J’alla directement à la salle de bain. Une bonne douche me réveillerais sans doute. Je fila sous l’eau chaude ce qui me fit un bien fou après la nuit que j’avais passée. Je lavais mes cheveux puis m’enroulais dans une serviette. Je regarda mon reflet dans le miroir. Tout ce que je voyais c’était une fille perdue complètement dans le vague. Ça me faisait de la peine de me voir comme ça. J’avais envie de me prendre et de me secouer. Mais c’était comme si mon corps ne voulait pas m’obéir.

Je m’habillais et allais à la cuisine afin de boire un café pour me redonner la pêche. J’avais rendez-vous avec Clay pour manger un morceaux je ne sais où. Il ne m’avait pas dit. Enfin peu importait le lieux où l’on se retrouverais, l’important c’était que je le vois. Que je le sente près de moi, près à me rattraper si je tombe…

Je l’attendait devant ma porte. Il avait dit qu’il passerait me prendre vers 13h. Il était 13h05. Non je n’étais pas parano. J’avais juste peur qu’il m’oublie. Et dans le fond je ne lui en voudrais pas. Je n’étais pas forcément de bonne compagnie en ce moment. Je sortie de mes pensées lorsque j’entendis un klaxon retentir. Clay se garait devant chez moi. Je m’avança à sa voiture et monta côté passager. « Salut ! Dis-je en souriant en espérant que ça passe. Puis le l’embrassais sur la joue. Tu vas bien ? »

Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas eu de nouvelles de Heaven. Bien trop longtemps que je ne m'étais pas assurée qu'elle allait bien. Cela faisait sept mois qu'elle l'avait perdu et je savais qu'elle ne l'oublierait pas... Jamais. Je me rappelais les beaux jours, ceux où les voir ensemble, heureux était une vraie bénédiction. Elle avait été heureuse avec lui. Et maintenant je la retrouvais accablée par cette mort... Cet ouragan a fait bien plus de malheurs et de dégâts qu'on ne pourrait l'estimer à des chiffres. Combien d'habitations endommagées ? Combien de meubles bons à jeter ? Combien de morts ? Tout pleins d'estimations qui viennent s'ajouter aux dégâts qu'ont eu les survivants. Combien de vie gâchées ? Beaucoup. Oui, je haïssais cet ouragan. Je me détestais d'avoir été loin à ce moment là. Aurais-je pu aider ? Cette question me taraudait au moins une fois par jour si ce n'est plus.

Hier, j'avais ressenti l'envie ou plutôt le besoin de voir ma meilleure amie, de m'assurer qu'elle allait bien et qu'elle commençait à sortir la tête de l'eau. Je ne voulais pas la perdre... C'était réellement ce que je doutais le plus. Perdre cette femme qui m'était si chère. Elle était ma meilleure amie... depuis si longtemps que je ne m'imaginais pas vivre sans elle. Je lui avais donc donné rendez-vous aujourd'hui, l'invitant à manger quelque part, sans lui en dire plus. Notre destination, j'étais le seul à la connaître et c'était d'autant plus intéressant. Intéressant de savoir qu'elle aurait la surprise, espérant lui décrocher un sourire... un vrai.

Je me trouvais sous la douche, j'étais réveillé depuis quelques minutes déjà, filant illico presto dans la cabine de douche afin de me préparer, faisant extrêmement attention à ne pas réveiller ou déranger ma coloc' préférée, je me laissais aller sous la douche, fermant les yeux, la tête remonté pour apprécier d'autant plus cette douche plus que rafraichissante qui me réveillerait sans aucune hésitation. En sortant, voyant qu'il était midi, je m'empressais d'enfiler un jean, un polo, mes chaussures et emportant ma veste, je quittais l'appartement.

Une fois dans la voiture, je démarrais et connaissant déjà ma destination première, je finis par atteindre la boulangerie la plus proche de chez mon amie et prenant un pain aux raisins, je le mangeais sur la route. Manger et conduire, je n'ai pas tendance à choisir et espérant ne pas arriver en retard, je finis par regarder l'heure à quelques minutes de chez elle. 13h... et mer**, j'appuyais un peu plus sur le champignon, jusqu'à ce que je la voie enfin devant chez elle, m'attendant au par chance. Si elle était remontée chez elle, ça aurait été super... Ou pas. Pour la faire redescendre, aurais-je du tenter le Diable ? Une fois garé et elle dans la voiture, je ne pouvais m'empêcher de sourire en voyant sur son visage qu'elle semblait... heureuse ? « Salut ! Tu vas bien ? » Mon sourire ne m'avait pas quitté, ça non, enfin, j'espére qu'il ne me quittera pas... Comment allait-elle depuis le temps ? Je m'en étais voulu de lui avoir parlé aussi clairement de ce qui me préoccupait. Oui elle s'était laissé dépérir, mais ça allait mieux maintenant, non ? « Je vais bien. Et toi ? Ca va mieux ? » Je devais en avoir le coeur net.

Et c'est un pied sur l'accélérateur après avoir démarré que je nous emmenais jusqu'à notre destination. Je ne cessais pas de jeter des coups d'oeils dans le rétroviseur, braqué de manière à avoir vu sur l'arrière en la surveillant elle aussi. Lorsque nous arrivâmes devant le Heads & Tails Seafood Inc , je garais la voiture et empéchant Heaven de quitter la voiture, je lui demandais, d'une voix qui se voulait des plus enjouées. « Ca m'a manqué de passer du temps avec toi ma petite H. tu as pensé à sortir ces temps-ci ? » D'accord, je m'inquiétais peut-être un peu beaucoup pour elle, mais quoi ? J'avais le droit, non ? Je ne voulais que son bonheur...